« Ces enfants, ces familles sont devenus mes enfants, ma famille »

Diego Suarez, février 2015

Il y a quelques mois, nous vous partagions le touchant témoignage de Marie-Anne, épouse de Joël Manglou, artiste réunionnais et bénévole actif de Cœur et Conscience Réunion. Nous avons reçu de nombreux messages de sympathie suite à la publication de son récit. Ils parrainent désormais 3 enfants, qu’ils ont rencontrés lors de leur dernier séjour à Diego Suarez. Très émus de revoir leurs filleuls et touchés par leur courage, ils ont constaté l’impact de leur aide dans leur quotidien. Découvrez le nouveau témoignage de Marie-Anne et quelques images vidéo de leur séjour.

Nous sommes le jour de notre départ pour Diego Suarez… Et je suis très inquiète. Mon dos est bloqué depuis presque une semaine, j’ai mal et je ne me sens pas bien du tout. Dois-je vraiment faire ce voyage ?

Au fond de moi, la réponse est déjà là : ils nous attendent, ils savent que nous venons. Nos 3 filleuls, les 2 familles… Pas question d’annuler !

Le soir même nous nous dirigeons chez Angélique et Juanito, parents de nos filleuls Yholus et Yholan, des jumeaux de 7 ans.

Après un parcours en taxi dans un dédale de routes de terre, de trous, de poussière, à travers des maisons vétustes, nous arrivons dans leur ruelle. L’assistante sociale qui nous accompagne les appelle.

Aussitôt la porte s’ouvre, Angélique, souriante, apparaît. Yholus et Yholan, intimidés nous tendent la main ! C’est la deuxième année que nous les rencontrons, mais c’est la première fois que nous allons chez eux et que nous faisons connaissance avec le papa Juanito et l’aîné de 9 ans, Blaise.

Nous entrons dans la petite maison en dur. Une pièce, un lit, une table, un buffet. Il y a une petite télé. Tout est rangé, propre. Très vite le dialogue s’installe, ils parlent et comprennent le français. Rires, sourires, cadeaux échangés ; les 3 enfants nous offrent des dessins, Angélique m’a brodé un joli napperon. Je suis touchée.

Mais actuellement leur situation est difficile…Angélique, institutrice attend toujours son poste et à chaque rentrée c’est la déception. Juanito a fermé sa petite épicerie qui ne rapportait pas et dépanne maintenant des petites choses. Aucune autre rentrée d’argent. On sent le désespoir même si les yeux brillent. Que pouvons-nous faire ? Comment les aider, non pas ponctuellement, mais pour qu’ils puissent avoir un minimum assuré ?

Découvrez quelques images vidéos de la visite de Marie-Anne et Joël à Yholus et Yolhan : 

Quelques jours plus tard nous rendons visite à Brigitte, maman d’Ezékia, notre 3ème filleul et de Tina, sa sœur que nous considérons comme une 4ème filleule !

Ma rencontre avec cette femme, il y a 2 ans, a bouleversé ma vie. L’an passé déjà, j’avais constaté une transformation, son regard était « neuf », sourire pétillant, elle n’était plus la même.

Elle a quitté son ancienne case de tôles trouées et c’est dans sa nouvelle maison* que nous allons la rencontrer. Nous nous arrêtons devant une cours fermée, plusieurs maisons à l’intérieur, nous traversons, et sommes accueillis par Tina qui, elle aussi, nous tend la main avant de nous embrasser. Ezekia, beaucoup plus démonstratif se jette sur Joël, et pose sa tête sur son cou. Nous sommes émus, car nous sentons le bonheur de cette rencontre.

Tina nous conduit, très fière dans leur maison : une pièce, un lit, une table où trône la machine à coudre, les tôles neuves, l’électricité*…. Il n’y avait rien de tout cela il y a 2 ans. Pour eux, c’est sûr, c’est beaucoup mieux et pour nous cela semble encore si peu…

Nous offrons nos cadeaux, nous commençons à discuter. Nous regardons le cahier de Tina, je la fais lire, quelques leçons sont en français. Ezékia aussi est fier de nous montrer qu’il sait compter en français.

Puis Tina, à la demande de sa maman se met à chanter… Et rapidement, je me rends compte que sa chanson colle vraiment à notre histoire. Souraya, l’assistante sociale, traduit… C’est Brigitte qui a écrit en malgache et Tina a traduit en français : « Nous remercions Dieu de nous avoir donné la maman… ». La petite voix s’élève encore une fois, et l’émotion me gagne ! La 2ème chanson est un véritable hymne à Cœur et Conscience ! Nous rions. Quel beau moment de partage !

Le samedi nous voici avec les 4 petits dans un 4×4, pour la première fois de leur vie, direction Ramena, la plage. Tina et Yholan ont le mal de mer, Ezékia et Yholus sont debout et observent. C’est la première fois qu’ils vont à la plage. Que dire de cette journée ? Riche en émotions, cris, rires, excitations du premier bain, essai de masque et de tuba, châteaux de sable, jeux, repas, repos. Nous sommes tous heureux…

L’heure du retour arrive. Devant les locaux de l’association, nous nous disons au revoir. Je vois Tina qui regarde au loin. C’est la plus grande, je la sens triste. J’ai le cœur qui se serre. Je m’étais dit que l’an prochain, nous ne viendrons pas, mais déjà, cela me semble impossible.

Ces enfants, ces familles sont devenues mes enfants, ma famille. Il n’est pas de semaine où mon esprit ne s’envole quelques instants envers eux. Je veux les voir grandir, les accompagner. Cette année, c’est le triste regard de Juanito qui reste dans ma tête.

Comment envisager ne pas revenir ?

Merci encore à toute l’équipe de Cœur et Conscience, Isabelle, Martine, Souraya et les autres. Merci pour l’énorme travail effectué, les sourires et l’espoir qui reviennent.

A bientôt !

Marie-Anne

* Les prises en charges exceptionnelles financées par nos parrains
Dans certaines familles parrainées et identifiées avec notre service social, Cœur et Conscience teste la possibilité d’apporter une aide exceptionnelle complémentaire à celle apportée dans le cadre du parrainage.
Les parrains qui le souhaitent peuvent participer en finançant un achat et/ou un projet clairement établit avec la famille parrainée, et étudié avec notre service social. L’objectif de ce soutien étant d’améliorer significativement les conditions de vie du foyer tout en encourageant le plus possible la prise d’autonomie de la famille.
Ce fut le cas pour Brigitte avec l’achat d’une machine à coudre pour la soutenir dans son activité de couturière et la réparation de sa maison.